Les Rencontres de la Recherche – USN – 22 mai 2024
FIN DES MONDES, MONDES PERDUS ?
Façonner la Société de Demain avec les chercheur.e.s en humanités
Maison de la Recherche de l’Université Sorbonne Nouvelle, 4 rue des Irlandais – Paris 75005
Atelier artistico-poétique, animé par Florelle Isal (Docteure CRP19/THALIM et Professeure des écoles)
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.
« Correspondances » de Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal »,  OCI, La Pléiade, 1975, p.11.
Mais de quelle (s) manière (s) ?
Comment la poésie peut-elle, par la voie du sensible, retrouver et suggérer une unité du monde dans la tradition mystique de l’analogie universelle ?
Cela pourrait prendre la forme d’un atelier

A la recherche des sens perdus : poésie et synesthésie
Consigne : A vos crayons ! Petits et grands ! quel paysage vous inspire ce poème ? Nul besoin d’être doué en dessin, venez vous amuser à coucher sur le papier vos émotions sur un fond musical wagnérien et de senteurs de musc et d’encens ! Observez, tentez de comprendre mais aussi laissez libre court à votre imagination pour proposer une illustration qui vous correspond !
Bon voyage au Pays des sens et merci à vous artistes-poètes !
Si vous souhaitez proposer une illustration, n’hésitez pas à nous l’envoyer sur ce site. Nous nous ferons une joie de la publier prochainement parmi une grande mosaïque collective.
Un projet intergénérationnel et interplanétaire !
Résumé :
La seule évocation du terme « Correspondance » fait résonner à la mémoire le vers incantatoire « Les parfums, les couleurs et les sons se répondent », qui ne fait pas pour autant consensus.
La plupart des études actuelles prennent appui sur deux types de rapports, établis en termes géométriques, qui définissent le grand principe de l’analogie universelle. D’une part, les Correspondances verticales mettant en relation les choses invisibles entre terre et ciel, Spleen et Idéal, et, de l’autre, les Correspondances horizontales, qui relient les choses visibles entre elles afin d’établir une communication des sens au sein de la nature. De nombreux ouvrages et manuels scolaires, reprennent cette vision manichéenne, très largement admises. Or, les jeux sensoriels chez Baudelaire sont le signe d’interactions spatiales et temporelles. Temps et espace, corps et esprit, sont constamment reliés.
Il s’agit de « chante[r] les transports de l’esprit et des sens ».
D’autre part, le vers du poème « Correspondances » n’illustre pas la fameuse théorie dans sa plénitude, car il ne fait état que de trois sens. Or, l’écriture Baudelaire ne mobilise pas uniquement parfums, couleurs et sons. Sa poésie est aussi imprégnée des sens tactile et gustatif. Il conviendrait d’élargir la définition des Correspondances aux cinq sens et d’en dépasser la géométrie dialectique.
La « forêt de symboles » n’est en rien un système figé. Elle est vivante, animée par ces Correspondances sensibles, plus justement nommées « synesthésies ».
Origine du projet
Baudelaire, à l’écoute de Wagner, parvient à démontrer que « la véritable musique suggère des idées analogues dans des cerveaux différents ».
(« Richard Wagner et Tannhäuser à Paris », OCII, La Pléiade, p. 784.)
Je souhaite savoir si cet idéal est atteint dans sa poésie à partir d’un projet mené autour du poème « Correspondances », éminemment suggestif et synesthésique.
Existe-t-il une « logique des Correspondances » capable de produire les mêmes effets et de suggérer des idées analogues dans le cerveau de tous ?
Lorsque je suis émue, qu’est-ce qui déclenche cette émotion ? Est-ce que Baudelaire touche d’abord mes sens, mon corps ou est-ce mon intellect qui guide mon émotion physique ?
La diversité des interprétations picturales prouve que le sens du texte n’est pas « universel » et que son appropriation passe autant par une compréhension de l’ordre du savoir que par un ressenti subjectif.
Cet atelier est l’occasion d’ouvrir l’expérience à tous les âges et à tous les styles de public. Il permet d’observer des paysages dans toute leur profondeur : affinités, résonances, échos mais aussi divergences, autant de dialogues permettant de redonner vie et modernité à l’écriture poétique en général et de Baudelaire en particulier à l’échelle nationale mais aussi internationale.
Florelle ISAL                                                                                                                                    

Docteure ED 120 – Littérature française et comparée
Université Sorbonne-Nouvelle Paris 3 
CRP19/THALIM
Sujet de thèse : Poésie et synesthésies dans l’œuvre de Charles Baudelaire : une poétique de la totalité entre imagination sensible et savoir.
Sous la co-direction de Henri Scepi et de Mireille Calle-Gruber.
Professeure des Ecoles- Paris 5
Vice-Présidente de la Société Internationale des Amis de Charles Baudelaire
Collaboratrice au projet d’édition électronique de la correspondance de Baudelaire
Quelques œuvres effectuées à distance par des seniors niçois :

De gauche à droite, les œuvres de Bernard BRUNSTEIN, Dominique AMERIO, Marie-Thérèse HOARAU.